Adolphe Martial POTÉMONT : Siège de la Société des Aqua-fortistes - 1864

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Adolphe Martial Potemont : Siège de la Société des Aquafortistes - détail - Sarah Sauvin
 Adolphe Martial POTÉMONT : Siège de la Société des Aqua-fortistes - verso - Sarah Sauvin

VENDU

Image HD

 

 

 

Eau-forte, 292 x 385 mm. Bailly-Herzberg p. 134.

Superbe épreuve aux noirs profonds, imprimée sur chine crème appliqué sur vélin crème. Excellent état. Épreuve rognée à 1 mm à l’extérieur de la cuvette sur trois côtés et juste à l’intérieur de la cuvette à gauche (sans perte d‘image).

Le Siège de la Société des Aqua-fortistes a été publié par la Société des Aquafortistes dans la première livraison de sa troisième année (1er septembre 1864). Le tirage ordinaire est sur papier vergé. Il existait un tirage de luxe à 25 exemplaires avant la lettre sur papier de hollande. Notre épreuve sur chine crème appliqué sur vélin devait être également un tirage de luxe. Les gravures achetées par souscription pouvaient être aussi vendues à part à un prix plus élevé.

Devant les larges vitrines richement garnies, à l’angle de la rue de Richelieu et de la rue Ménars, se pressent des amateurs et des curieux, hommes et femmes de toutes conditions, qui examinent et commentent les œuvres exposées : gravures, tableaux, dessins, sculptures... Nous sommes en 1864. Alfred Cadart a ouvert sa boutique l’année précédente, après s’être séparé de Félix Chevalier avec qui il avait fondé la Société des Aquafortistes en 1862. Avec Jules Luquet, il a fondé la société Cadart et Luquet qui s’est installée 79, rue de Richelieu, à l’enseigne Aux Arts modernes. Les nombreuses inscriptions sur la façade, que Potémont a gravées aussi sous l’image, détaillent les produits proposés dans la boutique. On y trouve non seulement des œuvres d’art : tableaux, gravures, lithographies, sculptures, bronzes, marbres et terres cuites, aquarelles et dessins, mais aussi des produits pour les artistes : outils pour la gravure à l’eau-forte, couleurs et vernis. L’immeuble héberge également un atelier où Cadart et Luquet invitent les artistes à venir s’essayer à l’eau-forte, déclarant qu’« ils se [feraient] un plaisir d’indiquer à tous ceux qui [voudraient] bien s’adresser à eux, l’usage des instruments, l’emploi des vernis, les détails de la morsure, et les divers procédés qui forment le fonds de la gravure à l’eau-forte » (Bailly-Herzberg, p. 22). Ce que feront de nombreux artistes. Janine Bailly-Herzberg cite notamment Degas, qui, après avoir dessiné sur le vif des danseuses, allait chez Cadart mettre son croquis au cuivre. Vollard raconte aussi que Degas exécutait chez Cadart des monotypes qu’il rehaussait quelquefois au pastel.

Parmi la trentaine d’eaux-fortes exposées dans les espaces vitrés entre les grandes vitrines apparaissent les titres de deux publications : un Traité à l’eau-forte, qui rappelle la vocation pédagogique des lieux, et L’Ancien Paris, qui regroupe une série importante de vues de Paris, à travers lesquelles Martial-Potémont a enregistré les changements subis par la capitale.  Cette publication, qui comprenait 300 eaux-fortes, fut le premier grand succès de l’artiste.

Références : Janine Bailly-Herzberg : L’eau-forte de peintre au dix-neuvième siècle : La Société des aquafortistes, 1862-1867, Paris, 1972 ; Janine Bailly-Herzberg : Dictionnaire de l’estampe en France, 1830-1950, Paris, 1985.