Félix BUHOT : La Place des Martyrs et la Taverne du Bagne - 1885

VENDU

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Eau-forte, 340 x 450 mm. Bourcard/Goodfriend 163, 1er état ( ?)/3

Intéressante et rare épreuve d’un tout premier état, avant de nombreux travaux, tirée sur papier essencé, titrée au crayon La place des Martyrs et la Taverne du Bagne en bas à gauche dans l’image et annotée au crayon epreuve intercale en bas à droite sous l’image.

Bourcard qualifie le 1er état à l’« eau-forte pure avant l’aquatinte » d’« effet de jour », réservant le terme « effet de nuit » au 2e état, après ajout de travaux, notamment dans le ciel. Goodfriend revient sur cette distinction dans son livret d’additions, précisant qu’il existe des épreuves du 1er état avec un « effet de nuit » obtenu non par l’ajout de tailles dans le ciel ou d’un grain d’aquatinte mais par l’ajout d’une teinte de fond. Dans notre épreuve, l’ « effet de jour » est entièrement conservé par un bon essuyage de la plaque dans le ciel comme ailleurs.

Il faut noter que plusieurs épreuves passées en vente ou conservées dans des musées sont désignées comme des épreuves du 1er état alors qu’elles comportent de nombreuses tailles horizontales gravées dans le ciel. Ces tailles sont absentes de notre épreuve.

Goodfriend présente sur son site internet une épreuve annotée par Buhot Premier état (une vingtaine d’épreuves) sur laquelle on peut voir ces traits dans le ciel, identiques à ceux d’une autre épreuve également annotée par Buhot Premier état, conservée à la National Gallery of Art, ou encore de celle que présentait Arsène Bonafous-Murat dans son catalogue consacré à Félix Buhot (catalogue Janvier 2004, n°285, épreuve reproduite).

Étant donné que ces épreuves ne comportent pas encore certains ajouts propres au 2e état selon Bourcard, notamment les croquis supplémentaires dans les marges, nous devons donc supposer qu’il existe au moins 4 états de cette eau-forte et que notre épreuve correspond à un état antérieur aux épreuves annotées Premier état par Buhot. La description du 1er état par Bourcard pourrait correspondre à notre épreuve, mais elle n’est pas suffisamment précise pour pouvoir l’affirmer.

Il s’agit par ailleurs d’une épreuve imprimée sur papier essencé comme en atteste la couleur du papier et l’annotation epreuve intercale. Buhot valorisait particulièrement les épreuves imprimées à l’essence. Gustave Bourcard indique que « lorsque Buhot imprimait ses épreuves sur papier essencé (c’est-à-dire trempé dans l’essence de térébenthine) il en faisait souvent trois tirages, qu’il désignait de la façon suivante : 1° la directe ; 2° l’intercale ; 3° la contre-épreuve. La directe provenait de la planche encrée normalement ; l’intercale, d’un nouveau tirage du cuivre, sans nouvel encrage et la contre-épreuve tout simplement de l’estampe directe humide encore et reportée par un coup de presse sur une feuille de papier blanc […]» (Félix Buhot, Catalogue Descriptif de son Œuvre Gravé, réédition augmentée par J. Goodfriend, New York, 1979, p. XVII).

Marges légèrement oxydées. Une déchirure en tête entrant de 30 mm dans le sujet, anciennement consolidée au verso par une petite bande de papier ayant provoqué une légère marque d’insolation au recto. Petite déchirure en pied n’entrant pas dans le sujet.

L’eau-forte de Buhot est datée de novembre 1885, soit quelques jours après l’ouverture de la Taverne du Bagne, le 6 octobre 1885, par Maxime Lisbonne, ancien communard revenu du bagne, à l’angle du boulevard de Clichy et de la rue des Martyrs.

Image HD