Félix BUHOT : La Fête nationale au Boulevard Clichy - 1878

VENDU
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Eau-forte, pointe sèche, aquatinte, 320 x 238 mm (sujet). Bourcard/Goodfriend 127 vii/viii avant le cuivre biffé.

Exceptionnelle épreuve tirée à l’essence en couleurs avec les marges symphoniques dorées sur papier vélin. Annotée au crayon par Buhot sous le sujet La Seule obtenue sur cinq essais et epreuve à l’essence à 4 tons, puis signée des initiales F.B et au bas de la feuille à droite : Fete. ep. directe. Timbre rouge de l’artiste (Lugt 977). Collection Roger Marx (Lugt 2229) et Emile Laffon (Lugt 877a).

Quelques petits plis de manipulation et un léger gondolement de la feuille, essentiellement visibles au verso, sinon très bon état. Bonnes marges (feuille : 423 x 301 mm).

G. Bourcard indique qu’« il a été tiré des épreuves avec les marges en bistre, et aussi par Ardail quelques très rares exemplaires en couleurs à 4 tons avec les marges dorées. » (Félix Buhot, Catalogue Descriptif de son Œuvre Gravé, réédition augmentée par James Goodfriend, New York, 1979, p. 77). Le catalogue de la vente Atelier Félix Buhot (Drouot, 2 décembre 1977) mentionne sous le n°31 une épreuve « imprimée en couleurs, avec les marges tirées en or », annotée : une des six épreuves en couleurs. L’une de ces six épreuves est conservée par la Bibliothèque nationale de France (donation Félix Buhot, 1979) ; elle est reproduite dans l'ouvrage de Michel Melot, L’Estampe impressionniste, Flammarion, 1994, p. 135. Une troisième épreuve en couleurs est présentée par C. & J. Goodfriend dans leur catalogue en ligne : Félix, Auguste and friends, n° 13. Une quatrième est décrite au catalogue de la vente Roger Marx (1859-1913) sous le n° 182 : « très rare épreuve tirée à l'essence à 4 tons avec dédicace » (Vente Collection Roger Marx, 27 avril - 2 mai 1914). Le catalogue de la vente Emile Laffon (1868-1931) mentionne également, sous le n° 220, une « très rare épreuve tirée en 4 tons, avec les marges symphoniques dorées, timbrée, signée, dédicacée (collection R. Marx) » (Vente Emile Laffon, Zurich, 7 et 8 avril 1938). Cette épreuve pourrait bien être la même que celle de la vente Roger Marx : on aurait omis d’en mentionner les marges dorées dans le premier catalogue et le tirage à l’essence dans le second.

Michel Melot a souligné la prédilection de Félix Buhot pour l’impression à l’essence : « Le comble du raffinement était atteint lorsque l’épreuve était tirée sur un papier légèrement imbibé d’essence de térébenthine, et les marges dorées au pinceau, comme si toutes ces gravures étaient destinées à quelque Des Esseintes […] » (op. cit., p. 138). Félix Buhot exposait lui-même ainsi son procédé : « Quant au mode de préparation, il consiste en ceci : il faut que le papier soit imbibé d'essence, suffisamment pour qu'il n'ait pas besoin d'être mouillé autrement. Il faut que, juste avant le tirage de l'épreuve, il soit un peu séché, pas trop, entre des papiers qui eux-mêmes s'imprègnent et deviennent propres à l'impression : autrement les épreuves seraient trop noires et boueuses. L'épreuve ainsi tirée nettoie la planche. Ce ne sont pas là les seuls résultats que l'on obtienne. Les papiers, quand ils sont de bonne qualité et bien choisis pour cet usage, acquièrent, par leur séjour dans l'essence, un beau ton parcheminé qui communique à l'épreuve une certaine harmonie. Ils acquièrent aussi la consistance du parchemin. » (O. Uzanne, « Un illustrateur aquafortiste : Félix Buhot », dans Le Livre, Revue du monde littéraire, n°99, mars 1888, p. 65-84).

Comme l’a observé James Goodfriend, certaines impressions à l’essence de Buhot sont « si différentes de l’idée que nous avons généralement de ce à quoi devrait ressembler une gravure que nous devons nous y accoutumer avant de pouvoir apprécier leur beauté. » (op. cit., introduction, traduit par nous). La note écrite par Félix Buhot sur cette épreuve : La Seule obtenue sur cinq essais, avec son timbre et sa signature, attestent que les couleurs aériennes et l’impression légère, un peu diffuse, du tirage à l’essence, correspondaient à l’atmosphère éthérée qu’il cherchait alors à recréer.