Félix BUHOT : Le Vent, Trouville 1874 - Dessin à la plume et à l'encre de chine

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Dessin à la plume et à l'encre de chine sur traits de crayon, sur feuille de papier (220 x 350 mm) filigrané L-J D L & C (pour Laroche-Joubert, Dumergue, Lacroix et Compagnie, papetiers de la seconde moitié du XIXe siècle). Titré Le Vent, signé Tohub ("Buhot" à l'envers), situé Trouville et daté 1874. Porte l'inscription N°6 au crayon au verso.

Bon état général. Quelques rousseurs dans le sujet, une très légère insolation à l'ouverture d'un ancien passe-partout, légères salissures et petits plis de manipulations, deux toutes petites déchirures sur le bord gauche.

André Fontaine nous rappelle que si Félix Buhot passe l'été 1874 à Trouville, c'est qu'il y a suivi les enfants de la famille Evette, dont il est alors le précepteur (André Fontaine, Félix Buhot, peintre-graveur, 1982). Buhot profite néanmoins de ce séjour pour envoyer au directeur de Paris à l'Eau-forte, Richard Lesclide, une chronique des bains de mer qui sera publiée en deux temps dans les livraisons n° 71, datée du 16 août 1874, et n° 74, datée du 6 septembre. Cette chronique sera illustrée de deux gravures de Henry Somm, d'après des dessins de Buhot, pris sur le vif et envoyés à son ami : La Plage de Trouville et Le Parasol de Trouville. Ces deux dessins gravés sont très proches du notre, par leur facture et par la signature adoptée par Buhot : Tohub. On peut faire l'hypothèse que notre dessin, mis au propre à la plume et soigneusement titré, situé, daté et signé Tohub, était destiné par Buhot à être gravé par Henry Somm pour Paris à l'Eau-forte, mais qu'il préféra finalement en envoyer deux autres. Il s'inscrit par ailleurs dans un ensemble d'huiles, pastels, gouaches, aquarelles et croquis, effectués sur la plage en 1874 et 1876.

La scène représentée dans notre dessin le rapproche cependant davantage de l'eau-forte Un Grain à Trouville (Bourcard/Goodfriend 122), datée dans la planche du 4 août 1874 et également signée à l'envers Tohub. On pourrait dire que le dessin représente un moment légèrement antérieur à celui de l'estampe : le vent commence à se lever et à gonfler les voiles, les robes et les ombrelles, mais les baigneurs n'ont pas encore interrompu leurs activités, ils se promenent ou continuent de converser, assis sur des chaises de paille. L'eau-forte les montrera contraints d'abandonner la plage et les chaises renversées par le vent, ou luttant pour retenir une ombrelle qui s'envole.

Lorsque Buhot croque ces scènes côtières, celles-ci sont déjà des sujets pittoresques typiques et il le reconnaît d'emblée dans sa chronique publiée dans Paris à l'Eau-forte : "Rien n'est plus aisé que de parler de Trouville, mais il est difficile d'en dire quelque chose de nouveau. Que vous conterai-je que vous ne sachiez déjà ? Trouville est un gracieux décor d'opéra [...]" Ceci vaut également en peinture : Eugène Boudin peint depuis dix ans déjà la plage et ses animations, au point de faire désormais partie du paysage qu'il peint, comme le suggère Buhot dans sa description de la plage : "Au fond s'installe le peintre Boudin, dont le grand parasol blanc se détache comme un dôme de mosquée sur les ondulations des ombrelles multicolores." (Paris à l'Eau-forte, livraison n° 71).