Rodolphe BRESDIN (1822 - 1885) : Les Villes derrière le marécage - 1878
Prix : 2500 €
Lithographie, 191 x 156 mm. Van Gelder 124 A, II/III ; Préaud 97, 2e état/3.
Impression du 2e état (sur 3), l’image transformée par l’ajout de nombreux détails, mais avant que le ciel et la mare ne soient éclaircis.
Superbe épreuve sur chine crème clair appliqué sur vélin blanc. Très rares rousseurs sur les bords du feuillet de chine appliqué, petites mouillures claires aux angles de la feuille de vélin. Toutes marges (feuille : 503 x 325 mm).
Provenance : Samuel Josefowitz (1921-2015).
Les états I à III correspondent à deux entrées différentes du catalogue raisonné de Van Gelder : l’état I est décrit au numéro 124 sous le titre Le Papillon et la Mare, tandis que les états II et III, après transformation de l’image, sont décrits au numéro 124 A sous le titre Les Villes derrière le Marécage.
Le Papillon et la Mare est un projet d’illustration pour la fable éponyme du recueil Fables et Contes d’Hippolyte de Thierry-Faletans, qui paraîtra en 1871. Van Gelder écrit que ce « livre ne mériterait pas que nous nous y attardions s'il ne nous avait valu quelques lithographies de Bresdin (cat. 122-128) - sept au total (compte tenu des dessins recommencés), laborieusement exécutées entre la fin mars et la mi-septembre 1868 et que l'artiste retouchera à diverses reprises, certaines même dix ans plus tard ». (Appendices, p. 168)
Durant toute la période de conception des illustrations, la communication entre l’auteur et l’artiste est très laborieuse voire conflictuelle, comme on peut en juger par les quelques lettres conservées et citées par Van Gelder dans son chapitre La commande d'Hippolyte de Thierry Faletans (Appendice III) : Thierry-Faletans assaille Bresdin de conseils et de recommandations, lui dictant avec forces détails ce qu’il veut voir dans ses lithographies ; Bresdin se plie à ses désirs, mais fait également quelques choix que Thierry-Faletans ne comprend pas : au final, l’auteur refuse Le Papillon et la Mare et Bresdin se trouve contraint de reprendre son travail sur une nouvelle pierre : ce sera Le Papillon et la Mare, version II, Van Gelder n°125.
Bresdin n’abandonnera pas pour autant sa première pierre et la retravaillera dix ans plus tard. Van Gelder écrit : « Les remaniements datent de 1878. Une facture de Lemercier montre que Bresdin a fait tirer 50 exemplaires. Nous pensons que c'est pendant ce tirage que Bresdin a mis au point le troisième état, le second n'étant qu'un état intermédiaire dont n'existent sans doute que quelques épreuves d'essai. » Bresdin a élargi sa composition de tous les côtés en ajoutant une végétation très dense. Il a effacé les deux grands papillons dont les ailes se déployaient sur les bords supérieur et inférieur de l’image et retouchés de nombreux détails. Dans le troisième état, le ciel et la mare sont éclaircis.
Le titre Les Villes derrière le marécage a été donné par Van Gelder. Il précise cependant qu’une facture de Lemercier du 2 octobre 1878 la nomme Le Rat philosophe. Bien que le rat ne soit pas un personnage de la fable de Thierry-Faletans, celui-ci avait évoqué la possibilité d’en ajouter un sur les bords de la mare, en compagnie de toutes sortes de petits animaux. On en voit ainsi un sur le bord inférieur de l’image au premier état, encore visible au-dessus des touffes d’herbe dans le coin inférieur droit du troisième état.