Dominique-Vivant DENON en collaboration avec Jacques-Louis DAVID : Le Serment du Jeu de Paume - 1793/1794

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Eau-forte, 490 x 759 mm (au trait carré), 500 x 766 mm (feuille). IFF 405 ; Bordes B1 ; Denon : L’oeil de Napoléon n° 55.

Marcel Roux dans l’Inventaire du Fonds Français indique que cette estampe est sans aucune lettre, ce que redit Philippe Bordes. C’est inexact, comme le relève Udolpho van de Sandt dans Denon: L’oeil de Napoléon : elle est signée et datée à la pointe sèche, certes très légère et très difficile à lire. Udolpho van de Sandt écrit : « Signé, daté, en bas à gauche : David faciebat 1791 ; en bas à droite : Denon scul anno 3 ». Pour notre part, nous lisons plutôt la lettre suivante, entièrement gravée en bas à droite dans la composition : J L [ ?] David faciebat an° 1791 Denon scul anno 2.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (Aigle bicéphale portant un cœur surmonté d’une couronne et cartouche AUVERGNE accompagnés de noms difficilement lisibles). Bon état général. Feuille légèrement jaunie ; trois petites rousseurs dans le sujet ; une trace de frottement vertical dans le haut ; une déchirure de 40 mm restaurée sur le bord droit ; l’extrême pointe de l’angle supérieur gauche refait dans la partie blanche (pas de manque dans l’image) ; trois infimes épidermures. Au verso, trace de pli central vertical et trace de pli diagonal.

Les épreuves de cette planche inachevée sont rarissimes : nous n’en connaissons que trois autres. La Bibliothèque nationale de France en possède deux. L’une (cote RESERVE AA-5 (DENON, Dominique-Vivant), ancienne cote EF-47-FOL), a été numérisée et est accessible en ligne : ESTNUM-31225 ; elle provient de la collection-même de Dominique-Vivant Denon. Elle est rognée à 1 cm environ à l’extérieur du trait carré. L’autre épreuve conservée à la BnF (cote RESERVE AA-6, ESTNUM-23609 (microforme)) est reproduite dans Dominique-Vivant Denon: l’œil de Napoléon. Une troisième épreuve est conservée au British Museum (cote 1878,0713.2079).

Exposition : Notre épreuve a été exposée au Palais Bourbon en 1989 dans l’exposition du bicentenaire de la Révolution et de l’Assemblée nationale. Elle est reproduite au catalogue 1789, L’Assemblée nationale, page 95 (détail), et décrite p. 123.

En 1790 David conçoit le projet de peindre un très grand tableau commémorant le Serment du Jeu de Paume, selon le terme qui désigne l’engagement pris le 20 juin 1789 par les 576 députés assemblés dans la salle du Jeu de paume à Versailles de se réunir jusqu’à ce que soit établie une nouvelle Constitution. Une souscription publique est bientôt lancée pour lever les fonds nécessaires à ce tableau monumental. En mai 1791, un grand dessin préparatoire à la mine de plomb, encre, lavis de bistre et rehauts de blanc (65 x 105 cm) est achevé par David et présenté dans son atelier du Louvre. Il est ensuite exposé au Salon de septembre 1791 avec la note suivante : « On souscrit pour la gravure de ce dessin chez M. Gerdret, négociant, rue des Bourdonnais ». Cette souscription ne rencontre cependant pas le succès espéré. Les incertitudes politiques liées à la Terreur contraignent alors David à renoncer dans l’immédiat à son tableau. 

Le projet n’est cependant pas totalement abandonné et au début de l’année 1794, Dominique-Vivant Denon collabore avec David pour produire une gravure du Serment. Le peintre « adresse à cette époque un mot au ministre des Affaires étrangères pour défendre le graveur, soupçonné d’incivisme à cause de ses séjours à l’étranger : ‘[…] Nous travaillons en ce moment concurremment à la gravure du tableau du Jeu de Paume. C’est lui qui a fait la gravure ; il ne l’aurait pas fait s’il n’eût été un bon patriote’ » (Bordes, p. 85).

La gravure restera cependant elle aussi inachevée. « Dans une note, dont ni la date ni le destinataire ne sont connus, Denon se plaint que le travail sur la grande eau-forte est trop considérable « pour la mener à son effet définitif, s’il s’en occupe seul » et souhaite avoir « un collaborateur qui se chargerait des reprises au burin et à la pointe ». Néanmoins, l’œuvre de Denon, d’un graphisme brouillon peu soucieux de rendre les portraits et qui convient fort bien à l’ambiguïté politique du projet, est admirable et possède une énergie dans l’exécution que l’on cherche en vain dans les gravures que Jazet exécutera trente ans plus tard. » (Bordes, p. 85).

En exil à Bruxelles, David cède en effet en 1820 le droit de graver le Serment du Jeu de Paume au parisien Daniel Isoard de Martouret, lequel engage Jean-Pierre-Marie Jazet en 1821 pour préparer la gravure qui sera achevée et commercialisée quelques années plus tard.

Références : Philippe Bordes : Le Serment du Jeu de Paume de Jacques-Louis David : le peintre, son milieu et son temps, de 1789 à 1792. Notes et documents des musées de France 8. Paris: Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1983. Marie-Anne Dupuy (dir.) : Dominique-Vivant Denon: l’oeil de Napoléon: Paris, Musée du Louvre, 20 octobre 1999-17 janvier 2000. Paris: Réunion des musées nationaux, 1999.