René BOYVIN (c. 1525 - 1598 ou 1625/6) : Clément Marot, tourné vers la droite - c. 1576

Burin, 172 x 126 mm. IFF p. 190 n°A, Robert-Dumesnil 111, Levron 47.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (filigrane illisible). Très bon état de conservation. Petite tache sur le bord gauche de la feuille. Petites marges tout autour de la cuvette (feuille : 191 x 145 mm).

René Boyvin a produit plusieurs portraits en buste lauré de Clément Marot. Quatre sont référencés par Jacques Levron, dont trois portent le monogramme de Boyvin.

Parmi les portraits exécutés par Boyvin, Jacques Levron distingue deux grandes séries dont les planches sont numérotées. La première série : Illustrium philosophorum et poetarum effigies XII - les effigies des douze illustres philosophes par René Boyvin, éditée en 1566, est aujourd’hui rarissime. La seconde représente les grands réformateurs : Martin Bücer, Jean Calvin, Jean Huss, Jean de Lespine, Luther, Melanchthon et Zwingli. À propos de cette série, Levron explique qu’ « à une date qu’il est évidemment impossible de préciser, Boyvin abandonna la religion dans laquelle il était né pour embrasser la cause de Luther & de Calvin. L’on n’a peut-être pas assez souligné combien la religion réformée trouva d’adeptes parmi certaines communautés de métier, comme celles des orfèvres & des joailliers par exemple. En contact fréquent avec des Flamands ou des Allemands convertis, les orfèvres français suivirent volontiers le mouvement réformateur. Boyvin y avait adhéré : il manifesta publiquement ses convictions nouvelles en publiant autour des années 1566-1570, une suite semblable à celle des philosophes, mais ayant pour objet les grands réformateurs de tous les temps. » (Levron, p. 38). Levron rattache à cette série le portrait de Clément Marot, « poète protestant ou suspect de protestantisme ». Il souligne le réalisme peu flatteur du portrait, qui dote Marot d’un « nez épais » et de « yeux saillants ». Boyvin avait cependant une vive admiration pour le poète : dans une autre version de son portrait, il le déclare primus sui temporis poeta gallicus : « poète français le premier de son temps » (R.-D. 113).

Le style et la composition du portrait de Clément Marot se rapprochent également de ceux des réformateurs. Celui de Jean Calvin, par exemple, est surmonté de la devise prompte et sincere, et celui de Martin Bucer, de la devise mihi patria coelum. Sur le portrait de Clément Marot sont gravés les mots la mort ny mort, devise du poète que l’on trouve par exemple à la fin de l’adresse au lecteur de L’Adolescence clémentine, publié en 1532.

Il existe plusieurs copies anonymes de ce portrait de Clément Marot, qui est, avec celui d’Henri II, l’un des portraits les plus célèbres gravés par René Boyvin.

Références : Alexandre-Pierre-François Robert-Dumesnil : Le peintre-graveur français, vol. 8, 1850 ; Jacques Levron : René Boyvin, graveur angevin du XVIe siècle : avec le catalogue de son œuvre et la reproduction de 114 estampes, 1941.