Geoffroy DUMONSTIER : La Vierge couronnée dans une niche - 1543

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Eau-forte, 228 x 127 mm. IFF 11B, Robert-Dumesnil 12, Zerner GD 12.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (main sommée d’une fleur, quatre doigts serrés, le pouce écarté, lacée au poignet, avec les initiales PB). Épreuve rognée sur ou juste à l’extérieur du trait carré. Infime manque dans l’angle supérieur gauche et sur le bord gauche. Infime accident dans l’ombre de la niche sur la gauche. Quelques très petites épidermures au verso. Bon état général.

Rarissime. Nous ne connaissons que trois autres épreuves. Deux sont conservées à la Bibliothèque nationale de France, une au Metropolitan Museum of Art. Toutes les épreuves des estampes de Dumonstier sont de la plus grande rareté, connues à une, deux ou trois épreuves.

La légende gravée en pied est tirée de la Première Épître de Saint Jean (chapitre deux, verset 1) : Si aulcun a peche nous avons ung advocat auprez du père Ihs crist // Le iuste et cestuy est La reconciliation pour nos pechez.

La Vierge couronnée est l’une des trois eaux-fortes de Dumonstier représentant des figures dans des niches. Dans La Vierge à l’enfant debout dans une niche (Zerner GD 13), la mère de Dieu n’est identifiable qu’à la lettre gravée empruntée à un passage de la première Épître de Paul à Timothée. Contrairement à La Vierge couronnée dans une niche, elle n’a ni couronne ni aucun autre attribut. Les deux Vierges sont en revanche toutes deux pieds nus, « d’une grande humilité », mais vêtues d’un drapé « compliqué de plis noués sur le ventre [qui leur] confère quelque majesté » (Nathalie Strasser, p. 148). La troisième figure est une Sainte tenant une palme (Zerner GD 14). Nathalie Strasser souligne « la simplicité extrême » du dessin de la niche « délimitée par une hachure presque mécanique concourant à la définition d’un clair-obscur vigoureux et froid (faut-il parler de luminisme ?), qui est comme la marque de Dumoûtier. » Les contours sont « peu accentués, la ligne se brisant par endroits », ce qui est également typique du style de l’artiste.

L’impression peu soigneuse de l’épreuve, habituel dans la production de l’école de Fontainebleau, est cohérente avec le style rapide et vigoureux, très peu académique de Dumonstier. Nathalie Strasser commente ainsi l’épreuve de La Vierge à l’enfant debout dans une niche de la collection de Georg Baselitz : « L’épreuve, un peu pâle et irrégulièrement encrée (l’atelier de Fontainebleau est coutumier de ces tirages expéditifs), présente des zones plus claires dans le tissu même des hachures. » (p. 148) Geoffroy Dumonstier fut en effet employé comme peintre au château de Fontainebleau vers 1537-1540 où il travailla sous la direction de Rosso Fiorentino. Catherine Jenkins pense cependant que les estampes de Dumonstier n’ont probablement pas été imprimées au sein même de l’atelier de Fontainebleau, le filigrane le plus courant sur les estampes de Dumonstier (la grande main surmontée d’une fleur avec des initiales) ne se trouvant selon elle sur aucune des gravures de l’école de Fontainebleau.

La vie et l’œuvre de Geoffroy Dumonstier font actuellement l’objet d’une étude qui aboutira à l’automne 2024 à la présentation d’une importante exposition aux Archives départementales de la Seine-Maritime en collaboration avec le musée du Louvre et la Bibliothèque nationale de France. L’exposition sera accompagnée d’un catalogue présentant des études sur l’œuvre de l’artiste ainsi qu’un catalogue raisonné.

Références : Henri Zerner, École de Fontainebleau : gravures, 1969 ; Nathalie Strasser, Rainer Michael Mason, Georg Baselitz, Le Beau Style (1520 - 1620): gravures maniéristes de la collection Georg Baselitz, 2002 ; Catherine Jenkins, Prints at the Court of Fontainebleau, c. 1542-47, 2017.