Christoph MURER : L'Indigent et le richard - 1596
VENDU
Eau-forte, 242 x 195 mm au trait carré. Bartsch 2, Nagler 4, Andresen 7, Hollstein 26, 2e état/2.
Impression du 2e état (sur 2), à l’adresse Elias Wöllhöffer excudit.
Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (aigle à deux têtes et lettres A et R). Filets de marge de tous les côtés autour du trait carré. Quelques petites taches brunes dans le sujet, pli horizontal de séchage normal, sinon très bon état de conservation.
Très rare. Adam Bartsch notait déjà : « Le peu de pièces qu'il a gravées à l'eau-forte, est devenue très rare. » (Bartsch, p. 384)
Thea Vignau-Wilberg note que Murer « réalise en 1596 l’eau-forte allégorique Mut ohne Gut, Gut ohne Mut, dans laquelle se trouvent confrontés un marchand riche et accablé de chagrins et un jeune homme pauvre et heureux de vivre. Comme d'autres estampes de Murer, elle devait être un modèle pour les arts décoratifs. » (Christoph Murer, p. 29, traduit par nous).
Christoph Murer ou Maurer était peintre sur vitraux, graveur, et dessinateur. Comme graveur, il est surtout connu pour sa série d’eaux-fortes Emblemata Miscella Nova (Hollstein 84) et ses illustrations gravées sur bois. Il a également produit quelques estampes isolées notamment plusieurs allégories : Allégorie sur l’Ambition (Hollstein 25, dont une épreuve est conservée à Munich), Allégorie sur la peinture (Hollstein 27), qui est décrite par Andresen mais dont aucune épreuve n’est actuellement localisée. L'Indigent et le richard appartient à ce registre d’œuvres allégoriques.
La gravure est signée CMurer Fecit en bas à gauche et située Tiguri, c’est-à-dire Zurich, ville dont Murer est originaire. Le titre varie selon les catalogues. L'Indigent et le richard est le titre donné par Bartsch, tandis que dans la série Hollstein, Robert Zijlma l’intitule Allegory on Fortune and Happiness [Allégorie sur la Fortune et le Bonheur]. Le catalogue d’Andresen, repris par Thea Vignau-Wilberg, la désigne par la partie allemande de la légende gravée au bas : Mut ohne Gut, Gut ohne Mut (« L’Energie sans la Richesse, la Richesse sans l’Energie »).
Cette légende divise l’image en deux parties, chacune correspondant à l’un des deux personnages principaux. À gauche un jeune homme, dont la pauvreté se voit à l’état de ses chaussures : il ne possède presque rien mais il est plein d’entrain, comme il le proclame : Nulli sunt num(m)i, sed sunt mihi gaudia multa [Je n’ai aucune richesse, mais j’ai beaucoup de joie]. À droite, un vieillard assis à une table, semblant s’être endormi en comptant ses richesses devant un épais registre ouvert, dit à l’inverse : Multi sunt nu(m)i, sed sunt mihi gaudia nulla [J’ai beaucoup de richesse, mais je n’ai aucune joie]. L’arrière-plan illustre cette antithèse : à gauche une joyeuse assemblée danse et se restaure gaiement, tandis qu’à droite des commerçants s’affairent autour du chargement d’un navire. L’indigent et le richard sont cependant réunis sous une double banderole tenue au-dessus d’eux par un ange. On y lit en latin : Utraq(ue) dividite ex (a)equo, tunc dives uterque (Partagez l’une et l’autre à égalité, alors vous serez riches l’un et l’autre ) ; et en allemand : Teilends gleich, so sind ir beid reich (En partageant à parts égales, vous serez tous deux riches).
Référence : Thea Vignau-Wilberg, Christoph Murer und die "XL. Emblemata miscella nova", 1982