Hans Sebald BEHAM : Le Suicide de Didon - 1520

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Image HD

 

Prix : 22 000 €

Burin, 130 x 96 mm. Bartsch 80 état non décrit, Pauli 84, 1er état/2.

Très rare épreuve du 1er état (sur 2), avant réduction du cuivre.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé. Épreuve rognée à 1 mm à l’extérieur de l’image sur trois côtés et à gauche sur le trait et très légèrement à l’intérieur de l’image dans l’angle inférieur. Très bon état de conservation général. Un fin pli vertical presque invisible au recto.

Provenance :
- collection D. G. de Arozarena (vers 1860) (Lugt 109). Cette épreuve est le numéro 44 de sa vente de mars 1861 (Paris, expert Clément) : « Magnifique épreuve d’un premier état inconnu à Bartsch, avant que la planche ait été réduite ».
- collection Graf Ludwig Yorck von Wartenburg (Lugt 2669). Cette épreuve est le numéro 231 de sa vente de mai 1932 (Leipzig, chez C. G. Boerner) : « Erster Abdruck von seltener Schönheit. Vor Verkleinerung der Platte. Von P. angeführtes Exemplar und aus der Sammlung Arozarena. » [Premier tirage d’une rare beauté. Avant réduction de la plaque. Exemplaire cité par P[auli] et provenant de la collection Arozarena.]
- collection Pierre Lallier (1946-2021), imprimeur : sa marque au verso (Lugt non décrit).

Cette épreuve est citée par Pauli (« Klein Oels, Graf York ») et Hollstein.

Adam Bartsch ne décrit que le 2d état, comme l’indiquent les dimensions mentionnées (4 pouces 4 lignes x 3 pouces 4 lignes) correspondant au cuivre réduit à 119 x 90 mm. Il commet aussi une erreur sur la date qui est gravée.

Pauli note : « La figure est en partie originale et en partie copiée de la Vénus de Marc Anton (Marc Antonio Raimondi). ». Si les deux compositions présentent en effet des similitudes, la figure tragique de Didon est loin de ressembler à la Vénus de Raimondi, tranquillement penchée en avant pour effectuer le geste anodin d’essuyer son pied : tandis que la jambe repliée, le visage penché et le bras tendu de Vénus expriment la grâce de la déesse, le dos courbé, l’épaule affaissée et le bras pendant de Didon marquent son désespoir.

Dans la plupart des oeuvres représentant le suicide de Didon, la Reine de Carthage éplorée se perce la poitrine ou le flanc d’un geste théâtral. Rien de tel dans la gravure de Sebald Beham : Didon est assise, le dos courbé, les vêtements défaits, son bras droit appuyé sur sa cuisse, la main tenant fermement le poignard dirigé vers son ventre. La lame droite menaçante du poignard contraste avec le corps affaissé, presque difforme. Dans cet épisode dramatique du Livre IV de l’Énéide, Didon a fait préparer un bûcher et convié ses compagnes, sans leur révéler son dessein fatal, qu’elles ne réalisent qu’en découvrant ses mains éclaboussées de sang. Beham ne retient du drame que la force d’âme de la reine dont l’attitude empreinte de stoïcisme et la main tenant fermement le poignard illustrent sa résolution : moriemur inultae sed moriamur : nous mourrons invengée, mais mourons !

Marcantonio RAIMONDI : Vénus essuyant son pied avec un drap, Cupidon devant elle, tenant un arc dans sa main gauche - 1510/1527

Metropolitan Museum of Art