René BOYVIN : Portrait de Clément Marot - 1576

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Prix : 750 €

Burin, 170 x 124 mm. IFF p. 190 n°B, Robert-Dumesnil 112, Levron 48.

Belle épreuve imprimée sur papier vergé. Grandes marges (feuille : 240 x 197 mm). Deux petites déchirures : 20 mm dans le bord de la marge de droite et 10 mm dans la tablette à gauche de la lettre. Marque de collection imprimée en rouge au verso (collection rouennaise non identifiée, Lugt 5437).

René Boyvin a produit plusieurs portraits en buste lauré de Clément Marot. Quatre sont référencés par Jacques Levron, dont trois portent le monogramme de Boyvin.

Parmi les portraits exécutés par Boyvin, Jacques Levron distingue deux grandes séries dont les planches sont numérotées. La première série : Illustrium philosophorum et poetarum effigies XII - les effigies des douze illustres philosophes par René Boyvin, éditée en 1566, est aujourd’hui rarissime. La seconde représente les grands réformateurs : Martin Bücer, Jean Calvin, Jean Huss, Jean de Lespine, Luther, Melanchthon et Zwingli. À propos de cette série, Levron explique qu’ « à une date qu’il est évidemment impossible de préciser, Boyvin abandonna la religion dans laquelle il était né pour embrasser la cause de Luther & de Calvin. L’on n’a peut-être pas assez souligné combien la religion réformée trouva d’adeptes parmi certaines communautés de métier, comme celles des orfèvres & des joailliers par exemple. En contact fréquent avec des Flamands ou des Allemands convertis, les orfèvres français suivirent volontiers le mouvement réformateur. Boyvin y avait adhéré : il manifesta publiquement ses convictions nouvelles en publiant autour des années 1566-1570, une suite semblable à celle des philosophes, mais ayant pour objet les grands réformateurs de tous les temps. » (Levron, p. 38). Levron rattache à cette série le portrait de Clément Marot, « poète protestant ou suspect de protestantisme ». Il souligne le réalisme peu flatteur de ce portrait, qui dote Marot d’un « nez épais » et de « yeux saillants ». Boyvin manifestait cependant une vive admiration pour le poète : dans une autre version de son portrait, il le déclare primus sui temporis poeta gallicus : « poète français le premier de son temps » (R.-D. 113).

Le style et la composition du portrait de Clément Marot se rapprochent également de ceux des réformateurs. Celui de Jean Calvin, par exemple, est surmonté de la devise prompte et sincere, et celui de Martin Bucer, de la devise mihi patria coelum. Sur le portrait de Clément Marot sont gravés les mots la mort ny mort, devise du poète que l’on trouve par exemple à la fin de l’adresse au lecteur de L’Adolescence clémentine, publié en 1532.

Il existe plusieurs copies anonymes de ce portrait de Clément Marot, qui est, avec celui d’Henri II, l’un des portraits les plus célèbres de René Boyvin.

Références : Alexandre-Pierre-François Robert-Dumesnil : Le peintre-graveur français, vol. 8, 1850 ; Jacques Levron : René Boyvin, graveur angevin du XVIe siècle : avec le catalogue de son œuvre et la reproduction de 114 estampes, 1941.