Joannes MEYSSENS : Portrait de Mary Ruthven, épouse d’Antoine Van Dyck

Joannes MEYSSENS : Portrait de Mary Ruthven, épouse d’Antoine Van Dyck Recto

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Prix : 2000 €

Eau-forte, 242 x 188 mm. Wibiral 143, New Hollstein 164, 1er état/2.

Rare épreuve du premier état (sur 2) avec l’inscription Ioan Meyʃens fecit et excud., avant suppression de celle-ci au second état.

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (filigrane difficilement lisible). Quelques salissures et taches dans les angles, épidermure dans l’angle supérieur gauche au verso.

Antoine Van Dyck et Mary Ruthven s’étaient mariés le 27 février 1640. Le portrait de sa jeune femme, conservé aujourd’hui au Museo del Prado à Madrid (inv. 1495) a été peint par van Dyck à cette époque. Dans ce tableau, Mary Ruthven porte une somptueuse robe de satin bleu et regarde le spectateur en soulevant ostensiblement de la main droite l’extrémité du rosaire qu'elle porte en bracelet à son bras gauche, marquant ainsi sa dévotion. Ger Luijten observe que les feuilles de chêne dont elle est coiffée peuvent indiquer sa force morale mais évoquer aussi sa patronne, la Vierge Marie. Il note également que le collier de perles à son cou pourrait laisser penser que Mary Ruthven était alors enceinte de leur fille Justiniana, qui naîtra en décembre 1641, quelques jours seulement avant la mort du peintre (Antoine van Dyck et l’estampe, p. 205).

Le portrait peint par Van Dyck a été transposé en gravure par différents artistes. Schelte Adams Bolswert en a effectué une copie au burin - peut-être d’après un dessin intermédiaire - pour l’Iconographie en cent portraits gravés d’après les œuvres de van Dyck, publiée en 1645-1646 par Gillis Hendricx. Cette édition posthume ajoutait vingt portraits à l’édition publiée du vivant de van Dyck par Martin van den Enden.

Ger Luijten souligne la maîtrise technique de Schelte Adams Bolswert dans sa gravure au burin, notamment dans la façon dont il rend le satin et les volumes du corps. S’il estime que l’eau-forte de Joannes Meyssens ne possède pas les mêmes qualités, il observe néanmoins qu’ « il s’est cependant efforcé d’approcher la technique de l’eau-forte utilisée par van Dyck, en cherchant notamment à reproduire sa liberté de trait et ses effets de pointillé ». Il remarque que « ce fait est rare parmi les graveurs ayant travaillé d’après van Dyck ». Luijten note enfin que « l’eau-forte de Meyssens a sans doute été créée indépendamment de celle de Bolswert ». La gravure de Meyssens est en effet plus proche dans son détail du tableau original de van Dyck : la boucle de cheveux sur le front de Mary Ruthven, par exemple, ressemble plus à celle du tableau de van Dyck.

Il faut rappeler en effet que si van Dyck a fait appel à des graveurs de métiers pour son Iconographie (tels Paul Pontius, Lucas Vorsterman, Schelte Adams Bolswert ou Pierre de Jode), il a gravé lui-même des eaux-fortes originales. Ces portraits, inachevés, nerveux et techniquement imparfaits, témoignent d’une grande liberté dans la technique de l’estampe et sont très éloignés des sages burins exécutés sur commande. On retrouve un peu de cette fraîcheur dans l’eau-forte de Meyssens.

Référence : Carl Depauw et Ger Luijten : Antoine van Dyck et l’estampe, 1999.