Rodolphe BRESDIN : Le Bon Samaritain - 1861

VENDU
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Lithographie à la plume, 565 x 445 mm. Van Gelder 100, 1er tirage, 1861 ; Becker 1er état/2 ; Préaud 29, 1er état avant 1A et 1B.

Très rare épreuve du 1er état avant toute altération de la pierre lithographique : avant la tache noire sur la jambe gauche du singe, avant « l'oiseau blanc » et les feuilles de chardon blanches.

Superbe impression sur chine blanc appliqué sur vélin crème. La feuille de chine est très légèrement plus petite que la surface imprimée,  qui déborde sur le vélin, notamment en pied.

Épreuve en très bon état général. Quelques petits défauts mineurs : quelques rousseurs, deux très petits enfoncements sans déchirure, deux minimes éraflures. Quelques rousseurs marginales et petites déchirures sur les bords. Marges exceptionnellement grandes : 870 x 620 mm. L'épreuve est montée par les bords gauche et droit sur un carton d'encadrement ; les marges supérieure et inférieure sont rempliées sur 20 à 30 mm au verso, où elles sont collées par les bords. Le carton porte au verso l'étiquette : RUE ST ANTOINE DU T N° 21 / VITAUX /ENCADREUR.

Après avoir vécu près de dix ans à Toulouse, Bresdin rejoint Paris en mars 1861 avec la grande pierre lithographique sur laquelle il a dessiné Le Bon Samaritain. Le premier tirage est effectué chez Lemercier entre la mi-mars et la fin avril. Le 9 avril, Bresdin écrit à son ami Justin Capin, qui vit dans la région de Toulouse, que sa pierre a réussi et que sa lithographie reçoit un bon accueil parmi les amateurs. Il souhaite que Capin l'aide à vendre une douzaine d'épreuves dans son cercle d'amis et il ajoute : "J'en enverrai aussi à Toulouse, partout." Le 1er mai, la lithographie est exposée au Salon de 1861, qui s'ouvre à Paris, sous le titre Abd el-Kader secourant un chrétien. Le 6 mai, elle figure également à l’Exposition des Beaux-Arts organisée à Toulouse par l'Union Artistique, dont le peintre Jules Garipuy, professeur à l’École des Beaux-Arts, conservateur du Musée des Augustins et ami intime de Bresdin, est l'un des membres fondateurs. La lithographie de Bresdin est mentionnée dans le catalogue de cette exposition dans la section Gravure, lithographie, photographie : « BRESDIN (Rodolphe) à Paris. 6 : Le Samaritain (lithographie). » (p. 75).

Nous ne savons pas combien d’épreuves du Bon Samaritain ont été imprimées par Lemercier en 1861. Van Gelder pense que « ce premier tirage fut relativement limité ». Les tirages ultérieurs datent de 1867, 1871, 1873, 1880 et 1882. Quelques épreuves ont peut-être encore été imprimées en 1899, après la mort de Bresdin, pour sa fille Rodolphine. La lithographie a également été reportée sur une autre pierre en 1868. La datation des épreuves du Bon Samaritain se base sur la qualité de l’impression et la chronologie des accidents subis par la pierre-mère : en premier lieu, comme l’a signalé D. P. Becker, une tache noire s’étend sur la jambe d’un singe en bas à droite ; en second lieu, les feuilles du chardon à gauche du dromadaire blanchissent tandis qu’en bas, au centre, apparaît une tache en forme d’« oiseau blanc ». Les épreuves tirées sur la pierre de report, qui sont titrées Le Bon Samaritain dans la marge inférieure, présentent également ces défauts.

Notre épreuve fait partie des très rares exemplaires qui ne présentent aucun des défauts dus aux altérations de la pierre-mère. La très grande qualité de son impression laisse penser qu’elle appartient à la première série d’épreuves, dont une partie a été imprimée sur chine blanc (Becker, 1983, p. 11, 14). L’étiquette de l’encadreur Vitaux collée au dos du carton d’encadrement suggère qu’elle pourrait faire partie du lot expédié à Toulouse par Bresdin en avril 1861, dans les semaines précédant l'Exposition des Beaux-Arts. Louis Joseph Vitaux, encadreur et marchand d'estampes, était, comme Jules Garipuy, membre de l’Union Artistique (son nom, orthographié Viteaux, figure dans la liste des membres fondateurs à la page 23 du catalogue de l’Exposition des Beaux-Arts ainsi que dans le Journal de Toulouse du 12 avril 1861, suivi de la mention « encadreur »). Dans sa lettre du 9 avril à Justin Capin, Bresdin avait lui-même proposé d’encadrer les lithographies pour faciliter leur vente : "Comme les épreuves sont très grandes, il ne serait peut-être pas mauvais de les faire encadrer et de vous les envoyer toutes prêtes, ce qui reviendrait meilleur marché aux amateurs et leur plairait davantage." (Van Gelder, 1976). On peut supposer qu’il renonça à faire encadrer les épreuves à Paris, ce qui aurait rendu leur expédition trop coûteuse, et proposa de les faire plutôt encadrer à Toulouse, avant ou après l’Exposition des Beaux-Arts.

Références : Dirk van Gelder, Rodolphe Bresdin, La Haye, 1976 : vol I. Appendice IX, Lettre à Justin Capin du 9 avril 1861, p. 196 ; vol. II : Catalogue raisonné de l’œuvre gravé, n°100, p. 66-73 ; Maxime Préaud (et alii), Rodolphe Bresdin, 1822-1855, Robinson graveur, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 65-81 ; David P. Becker, "Rodolphe Bresdin's Le Bon Samaritain", in Nouvelles de l'estampe, n°70-71, juillet-octobre 1983, p. 7-14 ; Union Artistique, Toulouse, 1861, Catalogue de l'Exposition des Beaux-Arts ouverte à Toulouse le 6 mai 1861, p. 75 (fichier en ligne au format pdf sur le site de la Bibliothèque de Toulouse) ; Journal de Toulouse, n° 101, 12 Avril 1861.