Rodolphe BRESDIN (1822 - 1885) : Le Bon Samaritain - 1861
Prix : 28 000 €
Lithographie à la plume, 565 x 445 mm. Van Gelder 100, 1er tirage, 1861 ; Becker 1er état/2 ; Préaud 29, 1er état avant 1A et 1B.
Très rare épreuve du 1er état avant toute altération de la pierre lithographique : avant la tache noire sur la jambe gauche du singe, avant « l'oiseau blanc » et les feuilles de chardon blanches.
Superbe impression sur chine blanc appliqué sur vélin. La feuille de chine est, comme à l’ordinaire, très légèrement plus petite que la surface imprimée, qui déborde sur le vélin.
Une longue déchirure verticale restaurée dans l’angle supérieur gauche. Un très petit manque restauré dans la marge blanche supérieure. Rares rousseurs claires. Marges rognées. Salissures et épidermures au verso.
Provenance : collection privée toulousaine.
Après avoir vécu près de dix ans à Toulouse, Bresdin rejoint Paris en mars 1861 avec la grande pierre lithographique sur laquelle il a dessiné Le Bon Samaritain. Le premier tirage est effectué chez Lemercier entre la mi-mars et la fin avril. Le 9 avril, Bresdin écrit à son ami Justin Capin, qui vit dans la région de Toulouse, que sa pierre a réussi et que sa lithographie reçoit un bon accueil parmi les amateurs. Il souhaite que Capin l'aide à vendre une douzaine d'épreuves dans son cercle d'amis et il ajoute : "J'en enverrai aussi à Toulouse, partout." Le 1er mai, la lithographie est exposée au Salon de 1861, qui s'ouvre à Paris, sous le titre Abd el-Kader secourant un chrétien. Le 6 mai, elle figure également à l’Exposition des Beaux-Arts organisée à Toulouse par l'Union Artistique, dont le peintre Jules Garipuy, professeur à l’École des Beaux-Arts, conservateur du Musée des Augustins et ami intime de Bresdin, est l'un des membres fondateurs. La lithographie de Bresdin est mentionnée dans le catalogue de cette exposition dans la section Gravure, lithographie, photographie : « BRESDIN (Rodolphe) à Paris. 6 : Le Samaritain (lithographie). » (p. 75).
Nous ne savons pas combien d’épreuves du Bon Samaritain ont été imprimées par Lemercier en 1861. Van Gelder pense que « ce premier tirage fut relativement limité ». Les tirages ultérieurs datent de 1867, 1871, 1873, 1880 et 1882. Quelques épreuves ont peut-être encore été imprimées en 1899, après la mort de Bresdin, pour sa fille Rodolphine. La lithographie a également été reportée sur une autre pierre en 1868. La datation des épreuves du Bon Samaritain se base sur la qualité de l’impression et la chronologie des accidents subis par la pierre-mère : en premier lieu, comme l’a signalé D. P. Becker, une tache noire s’étend sur la jambe d’un singe en bas à droite ; en second lieu, les feuilles du chardon à gauche du dromadaire blanchissent tandis qu’en bas, au centre, apparaît une tache en forme d’« oiseau blanc ». Les épreuves tirées sur la pierre de report, qui sont titrées Le Bon Samaritain dans la marge inférieure, présentent également ces défauts.
Notre épreuve fait partie des très rares exemplaires qui ne présentent aucun des défauts dus aux altérations de la pierre-mère. La très grande qualité de son impression laisse penser qu’elle appartient à la première série d’épreuves, dont une partie a été imprimée sur chine blanc (Becker, 1983, p. 11, 14).
Références : Dirk van Gelder, Rodolphe Bresdin, La Haye, 1976 : vol I. Appendice IX, Lettre à Justin Capin du 9 avril 1861, p. 196 ; vol. II : Catalogue raisonné de l’œuvre gravé, n°100, p. 66-73 ; Maxime Préaud (et alii), Rodolphe Bresdin, 1822-1855, Robinson graveur, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2000, p. 65-81 ; David P. Becker, "Rodolphe Bresdin's Le Bon Samaritain", in Nouvelles de l'estampe, n°70-71, juillet-octobre 1983, p. 7-14 ; Union Artistique, Toulouse, 1861, Catalogue de l'Exposition des Beaux-Arts ouverte à Toulouse le 6 mai 1861, p. 75 (fichier en ligne au format pdf sur le site de la Bibliothèque de Toulouse).