Francisco de GOYA y LUCIENTE : El sueño de la razon produce monstruos - 1797/99
VENDU
[Le Sommeil de la Raison engendre des monstres]
Eau-forte et aquatinte, 214 x 150 mm. Harris 78, état III (sur III), 1re édition (sur 12). Planche 43 de la série de 80 eaux-fortes Los Caprichos [Les Caprices].
Impression de la première édition, la seule sur papier vergé avant les biseaux de la plaque. Imprimée à environ 300 exemplaires en 1799, c’est la seule édition imprimée du vivant de Goya. La seconde édition date de 1855.
Belle épreuve, le titre de la gravure encore bien lisible, imprimée en noir légèrement sépia sur papier vergé. Très bon état de conservation général. Trois petits plis souples de manipulation dans les marges et une petite déchirure de 8 mm sur le bord droit de la feuille Bonnes marges ; feuille (315 x 210 mm).
Le Sommeil de la Raison est la planche la plus célèbre des Caprices. Elle occupe une place à part dans cette suite : Goya avait d’abord pensé l’utiliser en frontispice.
Un dessin préparatoire conservé au musée du Prado à Madrid est en effet titré Sueño 1° [Songe n°1]. Goya a ajouté au crayon un titre : Ydioma univer / sal Dibujado/ y grabado p.r / Fran.co de Goya/ año 1797 [Langage univer /sel Dessiné / et gravé par / Francisco de Goya / l’an 1797] ainsi qu’une consigne de lecture des Caprices : El Autor Soñando. / Su yntento solo es desterrar bulgaridades perjudiciales, y perpetuar con esta obra de caprichos el testimonio solido de la verdad [L’auteur sommeillant. / Son unique intention est de chasser les nuisibles superstitions et de perpétuer par cet ouvrage de caprices le ferme témoignage de la vérité].
Dans un second dessin, également conservé au musée du Prado, deux autoportraits de Goya se mêlent aux visions entourant le dormeur, renforçant l’identification de l’« auteur sommeillant » à l’artiste. Une inscription attribuée à Goya, écrite en regard de la gravure sur le Manuscrit du Musée du Prado, explicite les rôles complémentaires de l’imagination et de la raison dans la création : « La fantasía abandonada de la razón produce monstruos imposibles: unida con ella es madre de las artes y origen de las maravillas.» [L'imagination sans la raison produit des monstres impossibles : unie avec elle, elle est mère des arts et à l'origine des merveilles].
Goya décida finalement de placer plutôt cette planche en tête de la seconde partie des Caprices. Tomás Harris distingue ainsi deux parties : la première, constituée des planches précédant le Sommeil de la Raison, forme une satire de la folie et de la cruauté de l’Homme dans la société contemporaine de Goya. La seconde partie, ouverte par la planche 43, dépeint plus spécifiquement les Songes, c’est-à-dire les visions diaboliques et fantastiques dont l’intention serait de « chasser les nuisibles superstitions ».