Gilles DEMARTEAU : Jeune dessinateur, d’après François BOUCHER

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 Gilles DEMARTEAU : Jeune dessinateur d’après François BOUCHER - verso - Sarah Sauvin

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Manière de sanguine et de crayon noir, 211 x 156 mm. De Leymarie 188, IFF 188, Jean-Richard 755.

Très belle épreuve imprimée au repérage sur papier vergé. Très bon état de conservation. Trois infimes trous d’épingles sur les bords et deux petits plis au verso dans le haut.

La plaque porte les signatures gravées Boucher f. à gauche et Demarteau S. à droite, au-dessus du premier trait carré. Selon les épreuves, ces signatures sont plus ou moins visibles. Le Buste de jeune fille (IFF 187), également gravé d’après un dessin de François Boucher, est le pendant du Jeune dessinateur.

Le dessin original du Jeune dessinateur, anciennement conservé dans la collection Francis Springell, a été vendu chez Sotheby’s à Londres le 30 juin 1986 (lot 85). Il est exécuté à la craie rouge et noire avec rehauts de blanc et lavis gris et bleu. François Boucher a lui-même gravé une eau-forte d’après cette composition (Le Dessinateur, IFF 13). Beverly Schreiber Jacoby pense que Boucher a conçu son dessin comme préparatoire à la gravure car le jeune garçon tient son porte-crayon dans la main gauche dans le dessin, donc dans la main droite dans la gravure (Beverly Schreiber Jacoby, p. 306). Alan P. Wintermute ajoute que « Boucher réalisait souvent des dessins destinés à être gravés en contrepartie afin de compenser l’ « effet miroir » inévitable dans la réalisation normale de la gravure. » (François Boucher : 1703-1770 : his circle and influence, p.  28, traduit par nous).

Quant au modèle du jeune dessinateur, Alan P. Wintermute explique que « le portrait de jeunes hommes en dessinateurs, souvent avec des portfolios sous le bras et des pinceaux à la main, étaient un thème populaire parmi les artistes français du dix-huitième siècle. » (ibid., traduit par nous) Il ajoute qu’on attribue généralement l’origine de ce thème au Jeune élève dessinant de Chardin exposé au Salon de 1738, réalisé selon Pierre Rosenberg deux à trois ans plus tôt. A. P. Wintermute estime cependant que « le dessin de Boucher est certainement antérieur à cette date » et pense que « c’est lui, plutôt que Chardin, qui a initié cette tradition ». (ibid., traduit par nous) Wintermute cite notamment un tableau de Boucher datant du début des années 1730, Le Peintre de paysages (vendu depuis par Christie’s le 19 avril 2018), où l’on voit déjà un jeune élève tenant un portfolio de dessins. Quant au dessin du Jeune dessinateur, il pense qu’il est antérieur et daterait des années 1729-1732.

Le fait que Demarteau l’ait gravé bien des années plus tard montre selon Beverly Schreiber Jacoby que Boucher avait probablement gardé ce dessin.

Références : Pierrette Jean-Richard, L’Œuvre gravé de François Boucher dans la collection Edmond de Rothschild, 1978 ; Léopold de Leymarie, L’Œuvre de Gilles Demarteau l’aîné, graveur du Roi, 1896 ; Beverly Schreiber Jacoby, François Boucher’s Early Development as a Draughtsman 1720-1734, 1986 ; Colin B. Bailey, Katherine M. Kraig, Regina Shoolman Slatkin [et al.] François Boucher : 1703-1770 : his circle and influence, 1987.