Luca CAMBIASO : La Flagellation du Christ
Prix : 25 000 €
Gravure sur bois, 317 x 247 mm (feuille). Oberhuber 216
Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané : ancre dans un cercle surmonté d’une étoile (environ 76 x 45 mm, étoile comprise).
Épreuve bien complète de toute la partie gravée (à noter que parmi les très rares épreuves connues de cette estampe certaines sont rognées sur les bords droit et gauche et parfois sur le bord inférieur : il manque alors les extrémités des traits horizontaux ou même la pointe des fouets tenus par les soldats, à gauche et en bas à droite).
Très bon état général. Quelques salissures dans les angles et sur le bord gauche de la feuille ; un pli de tirage diagonal dans l’angle supérieur droit ; deux petites épidermures au verso. Un trait fin à l’encre brun très clair tracé le long des bords de la feuille. Un beau gaufrage du papier dû au bois est visible au verso.
Neuf estampes seulement, des bois gravés, sont aujourd’hui attribuées à Luca Cambiaso. Les épreuves conservées sont de la plus grande rareté et ont été pour cette raison peu étudiées.
La Flagellation du Christ a été décrite pour la première fois par Konrad Oberhuber en 1966, dans le volume consacré aux œuvres de la Renaissance italienne conservées au cabinet des arts graphiques de l’Albertina. Le musée viennois possède un dessin de Luca Cambiaso, à l’encre de chine et au lavis, Geißelung Christi. Komposition mit vier Figuren (inv. 2751) et une épreuve de la gravure sur bois du même sujet. L’épreuve de Vienne présente dans sa partie inférieure des esquisses à la plume, que Konrad Oberhuber attribue à Luca Cambiaso, de même que le lavis dont est rehaussée la gravure et le monogramme LC ajouté dans l’angle inférieur droit. Konrad Oberhuber y voit « une preuve d’une collaboration très étroite entre le graveur sur bois et le dessinateur. » C’est aussi l’avis de Nadine Orenstein : « neuf gravures sur bois pleines d’énergie, dit-elle, ont été exécutées par Cambiaso lui-même ou peut-être par un graveur très proche de l’artiste. » (Genoa : drawings and prints, 1530-1800, p. 11, notre traduction). Elle souligne notamment le fait que le trait des gravures est extrêmement fidèle au style de Cambiaso, au prix d’une adaptation de la technique qui n’allait pas de soi : « Le traitement inhabituellement sobre de la gravure sur bois dans ces estampes, dont certaines sont rehaussées de lavis, parvient admirablement à traduire la nature vivante de son style de dessin linéaire si typique. »
Les tailles courtes, souples et libres, mêlées à des traits raides et vigoureux plus classiques, rendent en effet parfaitement le style de Cambiaso. En résulte une gravure étonnamment moderne et puissante.
Références : Konrad Oberhuber : Die Kunst der Graphik: III : Renaissance in Italien : 16. Jahrhundert : Werke aus dem Besitz der Albertina, Graphische Sammlung Albertina, 1966. Henri Zerner : « Sixteenth-Century Italian Engraving in Vienna », in The Burlington Magazine, Apr., 1966, Vol. 108, N° 757 (Avril 1966), p. 218-221. Carmen Bambach et Nadine M. Orenstein : Genoa : drawings and prints, 1530-1800, 1996.