Pieter van der BORCHT : La Grande fête des Noces - 1560

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Eau-forte, 365 à 367 mm x 505 à 510 mm (feuille). New Hollstein 172, 1er état/2.

Impression du 1er état (sur 3 ; sur 2 selon New Hollstein), avec la date 1560 et avant les retouches et la censure.

Hans et Ursula Mielke (New Hollstein) mentionnent deux états de cette gravure : sur les épreuves du 1er état, comme celle que nous présentons, la date 1560 figure sous la signature de Pieter van der Borcht, dans l’angle supérieur gauche ; au 2d état, la date est effacée. Il existe cependant des épreuves d’un état intermédiaire où la date est encore présente tandis que la plaque a été retouchée pour pallier son usure mais aussi pour censurer l’image des deux moines attablés à l’extrême gauche de la composition, qui ont été transformés en simples paysans par l’ajout de cheveux ou d'un chapeau sur leur tonsure (Hessel Miedema, p. 193). Une épreuve de cet état intermédiaire (ou 2e état/3) a été présentée par Christie’s le 25 janvier 2017 (mentionnée par erreur comme épreuve du 1er état/2). Les épreuves des trois états sont à l’adresse de l’éditeur anversois Bartholomeus de Momper (1535-1597).

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané : huchet dans un écu, très proche de Briquet 7862 (Brabant 1593 et Middelbourg 1591) mais plus grand (54 x 43 mm). Très bon état général. Trois très petits manques triangulaires (10 x 10 mm, 10 x 3 mm et 7 x 3 mm) dans les angles inférieurs et sur le bord supérieur et deux petites déchirures (13 et 17 mm) sur les bords inférieur et supérieur. Une petite trace de frottement verticale vers le centre de la feuille.

Provenance : marque manuscrite de collection Z. Biernacki (Lugt 3094) et date 1902 au verso.

La Grande fête des Noces gravée en 1560 par Pieter van der Borcht s’inscrit dans une longue tradition de représentations de kermesses villageoises et de scènes de la vie et des mœurs paysannes dont il est parfois difficile de dire si le peintre les célèbre et s’en amuse ou s’il dénonce leur immoralité. L’œuvre de Pieter van der Borcht présente un certain nombre de ces tableaux de la vie paysanne qui ont inspiré à leur tour ses contemporains, notamment Pieter Brueghel l’Ancien.

Au centre d’une composition symétrique, la mariée est représentée assise à une table derrière laquelle un grand morceau de tissu est tendu conformément à la tradition. Elle croise les bras avec dignité, marquant par cette réserve qu’elle ne se laisse pas aller aux excès du banquet : on ne voit devant elle aucune nourriture ou boisson. Borcht ne l’a pas flattée : il lui a dessiné de grosses joues et des yeux qui louchent. Ce sont là des traits comiques qu’on retrouve, par exemple, dans certaines fêtes de noces peintes dans l’atelier de la famille Verbeeck, active à Malines au 16e siècle (voir Vandenbroeck, p. 93).

Assis à la table de la mariée, où s’amassent des pièces de monnaie, un greffier prend note des cadeaux apportés par les invités, sous le regard attentif d’une vieille femme. De jeunes garçons se bousculent devant la table, apportant l’un une chaise percée, l’autre un pot de chambre. À leur suite, les invités brandissent chacun leur présent : boîte à sel, tabouret, chandelier, marmite, baratte, quenouille, soufflet, pinces, pots, louche…

Le reste du tableau offre le spectacle habituel des banquets avec ses paillardises et ses scènes comiques. Comme le précise Hessel Miedema, on retrouve dans la Grande fête des Noces de Pieter van der Borcht quatre aspects essentiels des représentations de fêtes de noces paysannes contemporaines : les cadeaux à la mariée, le banquet, la musique et la charité. Selon lui, cette estampe aurait été spécialement créée par Pieter van der Borcht pour le marché d’Anvers, dans le but de présenter de façon précise et amusante les coutumes liées au mariage paysan (Miedema p. 194). La danse en est cependant absente, alors qu’elle sera le sujet principal du dessin de Pieter Bruegel, la Danse de Noces rustiques, gravé par Pieter van der Heyden et édité par la veuve de Hieronymus Cock après 1570. Le lien entre la gravure de Pieter van der Borcht et le dessin de Bruegel a été souligné depuis longtemps. Nadine Orenstein notait : « La conception initiale du thème a sans nul doute été inspirée par une gravure de 1560 de Pieter van der Borcht montrant une noce paysanne. » (Orenstein et al. p. 250). On retrouve en particulier dans le dessin de Bruegel la vue plongeante qui permet de découvrir au second plan les invités apportant toutes sortes de cadeaux hétéroclites à la mariée entourée, comme dans la gravure de van der Borcht, d’un greffier et de vieilles femmes.

Références : Hessel Miedema : « Feestende boeren - lachende dorpers. Bij twee recente aanwinsten van hetRijksprentenkabinet » in Bulletin van het Rijksmuseum, Jaarg. 29, n° 4 (1981), p. 191-213 ; Paul Vandenbroeck : « Verbeeck's Peasant Weddings: A Study of Iconography and Social Function » in Simiolus: Netherlands Quarterly for the History of Art, Vol. 14, n° 2 (1984), p.79-124 ; Eddy de Jongh et Ger Luijten : Mirror of everyday life, Genreprints in the Netherlands, 1550-1700, 1997 ; Nadine M. Orenstein et al. : Pieter Bruegel the Elder: Drawings and Prints, 2001 ; Hans et Ursula Mielke : Peeter van der Borcht, 2004 ; Manfred Sellink : Bruegel, L’œuvre complet, peintures, dessins, gravures, 2007.