Johannes LUTMA le Jeune : Posteritati Ianus Lutma

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[À la postérité - Ianus Lutma] : portrait en buste de Johannes Lutma l’Ancien

Gravure au marteau (Opus mallei), 305 x 210 mm. Hollstein 6, 1er état/2.

Rare épreuve du premier état (sur 2), opus mallei / per ianum f. [gravure au marteau par Johannes fils] inscrit dans la planche, mais avant l’ajout des inscriptions dans les angles supérieurs : OBIIT MDCLXIX // AETATIS LXXXV [Il est mort en 1669 // à l’âge de 85 ans].

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (lettres RC). Très bon état général. Marges étroites tout autour de la cuvette. Quelques rousseurs. Ancienne inscription à la plume dans la marge inférieure : Orfèvre hollandais vivant en 1650.

Johannes Lutma l’Ancien (1584-1669) était un orfèvre hollandais très réputé, ami intime de Rembrandt, qui avait gravé son portrait en 1656 (Jan Lutma, orfèvre, New Hollstein Rembrandt n°293). Son fils, Johannes Lutma le Jeune, reçu à la guilde d’Amsterdam en 1643, devint également un orfèvre réputé.

Johannes Lutma a gravé deux portraits de son père. Le premier, à l’eau-forte, daté 1656, (comme celui gravé par Rembrandt) est titré dans la marge IOANNES LUTMA AURIFECX. L’influence de Rembrandt est visible : le portrait, vivant et réaliste, montre son père à l’ouvrage, tenant à la main un outil et ses lunettes.

Le second portrait représente le buste de son père défunt, épaules nues à la manière d’une statue antique, placé dans une niche. Le texte POSTERITATI. et IANUS. LUTMA. est gravé sur la base et le socle du buste. Le portrait du vieillard n’est pourtant pas statique, comme le souligne Dana Angotta : le détail très concret de ses cheveux voltigeant autour du crâne, les rides prononcées sur son front et son cou, et son regard braqué sur nous, l’œil droit au centre de la composition, le rendent vivant et présent.

Trois autres gravures de Lutma le Jeune représentent également des portraits-bustes insérés dans des niches : un autoportrait daté de 1681, un portrait du poète Pieter Cornelisz. Hooft, et celui d’un autre poète contemporain, Joost van den Vondel. Ces portraits sont très proches stylistiquement et sont tous gravés en opus mallei, ainsi que Johannes Lutma l’a mentionné aussi sur chaque planche : Per se opere mallei, Opus Mallei per Ianum Lutma, Opus Mallei per J. Lutma.

L’Opus mallei est une technique d’orfèvre : l’artisan travaille le métal avec des pointes et un marteau. Le dessin ainsi obtenu est constitué de petits points dont la forme, la densité, l’épaisseur et la profondeur peuvent varier. Les plaques ainsi gravées n’étaient pas destinées à être imprimées mais les orfèvres eurent l’idée d’appliquer cette technique à l’estampe. Johannes Lutma le Jeune ne fut pas le premier à user de cette technique, mais il s’employa à la perfectionner, comme il a voulu le faire savoir en la précisant dans la lettre de ses gravures.

En latin comme en français, la postérité désigne à la fois le temps futur et les descendants. Le terme gravé sur le buste de Johannes Lutma l’Ancien souligne ainsi à la fois l’apport de l’orfèvre aux générations suivantes et la filiation de l’auteur.

Les épreuves en opus mallei sont parfois rehaussées au lavis afin de renforcer les contrastes entre les ombres et les lumières. Ce n’est pas le cas de notre épreuve, sur laquelle le fin travail du maillet reste bien visible.

Références : Susan Lambert, The Image Multiplied: five centuries of printed reproductions of paintings and drawings, 1987 ; Dana Angotta : « Jan Lutma the Younger: Posteritati » in Letters & Lines: Text and Image in Northern Renaissance & Baroque Prints, 2014.

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