Jacques BELLANGE : Diane et Orion - 1595/1616

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Prix : 25 000 €

Eau-forte et burin, 470 x 205 mm. Walch 10, 3e état/3 ; Robert-Dumesnil 36 ; Thuillier 54 ; Griffiths & Hartley 38.

Impression du 3e état (sur 3) avec l’adresse Le Blond excud ajoutée au-dessous des vers.

Belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (grappe, proche de Griffiths & Hartley 10).

Épreuve rognée sur ou à 1 mm à l’extérieur du trait carré. Infimes épidermures dans la partie haute sans manque de gravure. Un infime trou d’épingle sur le poitrail du chien. Très bon état général.

Très rare.

On ne connaît qu’une seule épreuve du 1er état, conservée à la Bibliothèque nationale de France. Au second état, la planche est achevée et signée, et les vers latins ont été ajoutés en pied. Le 3e état correspond à l’ajout, sous les vers latins, de l’adresse de Jean Le Blond (1590/94 - 1666), éditeur parisien qui eut en sa possession au moins dix-huit plaques de Bellange.

Antony Griffiths et Craig Hartley ont examiné les filigranes de nombreuses épreuves de Bellange et ils ont observé « que presque toutes les épreuves portant l’adresse de Le Blond sont sur le même papier épais caractéristique, portant le filigrane grappe avec les lettres AB (wmk 2). » (Griffiths et Hartley, p. 126). Le filigrane de notre épreuve est une grappe similaire mais sans les lettres AB.

Jacques Thuillier situe Diane et Orion assez tôt dans la carrière de Bellange : « Les chairs sont traitées en pointillé, les étoffes suggérées par de brèves hachures, procédé que Bellange systématise dans ses gravures. La complication des formes, la minutie de la pointe semblent désigner une date encore modérément avancée. » (Thuillier, p. 237). « On a souvent souligné, dit-il, que Bellange dut connaître la belle composition peinte sur ce sujet par Luca Penni, au moins par la gravure exécutée en 1556 par Giorgio Ghisi. Mais il l’a entièrement transformée en supprimant le paysage – pourtant essentiel, et qu’à l’inverse développera Poussin – et en centrant l’intérêt sur le groupe de la déesse, du géant et du molosse. »

Bellange a également gravé sous le sujet ces vers latins :

Gaudet amans nympha si raptor Agenore nata
Dum sua tergoribus per freta furla vehit
Qua mihi nunc Impleut placidam solatia mentem
Dum mea sic humeros pulchra diana gravat

Ces vers ne sont pas attribués. Nous pouvons les traduire ainsi :

Si l’amant de la nymphe, fille d’Agenor, se réjouit
Quand il l’emporte sur son dos, parmi les flots rageurs,
Quel réconfort emplit alors mon âme de douceur
Quand j’ai de ma belle Diane ainsi les épaules alourdies

Un dessin à la plume et au lavis brun du même sujet est conservé à la Morgan Library de New York. Selon Jacques Thuillier, il ne s’agit pas à proprement parler d’un dessin préparatoire à la gravure : « non seulement les deux compositions montrent des poses et des proportions très différentes mais l’estampe joue d’un dessin complexe, très fouillé, brisant systématiquement l’élan des courbes et la simplicité des volumes, tandis que le dessin préfère laisser glisser la lumière sur des surfaces lisses. » (Thuillier, p. 280, n°72).

Références : Nicole Walch, Die Radierungen des Jacques Bellange : Chronologie und kritischer Katalog, 1971 ; Antony Griffiths et Craig Hartley : Jacques Bellange, c. 1575-1616, Printmaker of Lorraine, 1997 ; Jacques Thuillier, Jacques de Bellange, catalogue de l'exposition Jacques de Bellange, Rennes, 2001, p. 237, n°54 ; IFF, 17e, tome 1, page 343, n°41.