Abraham BOSSE : Le Savetier - c. 1632-1633
VENDU
Eau-forte, 260 x 337 mm. IFF 1395, Blum 1045, Préaud 74, Lothe 248.
Très belle épreuve de l’état unique, imprimée sur papier vergé filigrané (grappe de raisin).
Épreuve rognée sur ou à 1 mm à l’extérieur du filet d’encadrement.
Feuille légèrement brunie. Un très fin pli de tirage central, deux petits points de rouille sinon très bon état.
Le Savetier fait partie de la série de 7 estampes représentant les métiers, qui connut un grand succès dès sa création. Outre Le Savetier, cette série comprend La Saignée, Le Clystère, l’Étude du procureur, le Cordonnier, le Barbier et le Pâtissier.
Le Cordonnier représente l’artisan au domicile d’une dame, occupé à lui faire essayer des chaussures : c’est l’ambiguïté de la situation qui est au cœur de la gravure, soulignée par les allusions galantes du texte. Dans Le Savetier, par contre, le métier est le principal sujet de l’estampe. La gravure d’Abraham Bosse cadre la boutique de l’artisan qui est aussi son atelier : trois ouvriers travaillent sous la direction du maître et de son épouse, qui participent eux-mêmes à la tâche, lui en taillant le cuir à l’aide d’un couteau à pied, elle en fabriquant du fil.
La représentation exacte des outils et des équipements - compas, os à polir, poinçons, couteaux, tabliers, maniques – n’ôte rien à la vivacité de la scène exprimée par les gestes larges des personnages en pleine activité. Les modèles de chaussures et de bottes alignées au plafond ou présentées à l’étalage reflètent la dernière mode : Sophie Join-Lambert précise en effet que les bottes venaient tout juste d’être admises dans les salons et non reléguées à des fins militaires.
Les vers de la tablette résument en trois lignes une analyse socio-économique : l’union du couple s’affermit par leur contribution au bien commun, la prospérité de leur commerce repose sur le rendement des ouvriers, la bonne humeur des travailleurs s’entretient avec du vin et des chansons :
« Jcy par vn diuers ouurage / Le Maistre et la Maistresse aussi, / Tournent leur principal soucy / Au commun bien de leur mesnage. // L'vn de l'autre point ne s'esloigne, / Jls veillent tous deux sur leurs gens, / Affin qu'ils soient plus diligens / A faire viste leurs besoigne // Eux cependant font des merueilles, / Demendant le vin des garçons, / Et s'entretiennent de chansons, / Parmi les pots et les bouteilles. »