Charles MERYON : Tourelle, dite de Marat - 1861

VENDU

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Eau-forte et pointe sèche, 212 x 131 mm. Schneiderman 72, 10e état/14 ; Delteil 41.

Rare épreuve du 10e état/14, avant suppression des figures allégoriques dans le ciel et avant modification de la lettre : Tourelle, rue de l’École de Médecine, 22. Une épreuve signalée par Schneiderman porte les annotations « Bon à tirer pour trente ép. C. Meryon 20 juin 61 ».

Superbe épreuve imprimée sur papier vergé filigrané HALLINES. Excellent état de conservation. Toutes marges (feuille : 495 x 335 mm). Provenance : Henri M. Petiet (cachet au verso, Lugt non décrit).

« Cette pièce, quoique de petites dimensions, est, à mon sens (et j'ai de fortes raisons pour penser ainsi), mon oeuvre capitale : je parle de l'état où est la composition du ciel : c'est-à-dire, d'une part, la Justice qui, à la vue de la Vérité resplendissante de lumière, défaille, ses balances, son glaive, s'échappant de ses mains ; de l’autre, en haut, sous la figure d’une jeune enfant vue de dos, les cheveux épars, les deux mains appliquées sur le front, comme sous le coup d’une douleurs aiguë, arrêtée subitement dans son vol ascendant, ses deux petites ailes se séparant, détachées, cette allusion toute particulière, précise et positive, qui résume presqu’en elle seule tout l’intérêt du sujet, que j’appellerai enfin l’Innocence lésée, violée… » « Ceux qui veulent bien l’examiner avec intérêt et attention doivent en comprendre, en trouver le sens vrai et entier, sens auquel j’attribue, je le répète, une importance capitale. » Charles Meryon, « Mes observations sur l'article de la Gazette des Beaux- Arts », manuscrit commentant le catalogue de son oeuvre gravé par Philippe Burty paru en 1863, transcrit par Philippe Verdier dans le volume 102 de la Gazette des Beaux-Arts, décembre 1983, p. 221 à 236.

Dans une lettre du 12 juillet 1861 adressée à Philippe Burty, Meryon relie explicitement sa gravure à l’assassinat de Marat dans sa baignoire par Charlotte Corday, le 13 juillet 1793, rue de l'École de Médecine, évoquant la figure de « cet acteur si sévère, si résolu du grand drame révolutionnaire », « clef de voûte fatale, englouti dans le drame apocalyptique avec tous ceux qui ont frondé ou brisé tout ce qu’il y a de saint et de sacré » (op. cit. note 46).
La Tourelle à l’angle de la rue de l’École de Médecine et de la rue Larrey est représentée très fidèlement par Meryon comme on peut le constater en la comparant à une photographie prise par Charles Marville en 1866. Elle sera détruite en février 1876.

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